Sortie Art Déco

Une nouvelle aventure au sein de la ville rose attendait les vaillants marcheurs du Temps d’un Café en ce vendredi après-midi venteux mais ensoleillé du début mars. La troupe s’était rassemblée Place Saint Sernin, devant la bourse du travail, munie d’écouteurs haut de gamme, généreusement fournis par notre guide, Geneviève FURNÉMONT, grande spécialiste de l’Art Déco et toulousaine d’adoption.

En prélude à cette visite, Geneviève nous annonçait une douce plongée dans un « socialisme romantique », bien différent de celui d’aujourd’hui. Autre temps, autres mœurs…

Et nous l’avons fort bien ressenti, nos regards suivaient, pas-à-pas, les commentaires perçus à travers les écouteurs. Commençons donc par cette place St Sernin, récemment refaite, terre de contrastes où se côtoient piété religieuse et ferveur ouvrière, qui abrite La Bourse du Travail, temple des travailleurs qui domine cette place depuis l’an 1892 et qui fut agrandie, car devenue trop exiguë. C’est grâce au talent de l’architecte Jean MONTARIOL, nommé architecte en chef de la ville de Toulouse par Étienne BILLIÈRES en 1927, que nous devons de pouvoir admirer aujourd’hui ces nombreux joyaux d’architecture.

Jean MONTARIOL, fringant quadragénaire est chargé de mettre en musique le programme du maire socialiste, en permettant à la classe ouvrière d’accéder aussi bien à des logements confortables qu’à l’enseignement, la culture et le sport. Ainsi, l’esprit Art-Déco flotte sur la ville au gré des constructions, des habitations Bon marché à la bibliothèque municipale en passant par les bains douches, les kiosques, les groupes scolaires disséminés aux coins stratégiques de la cité des violettes. Son œuvre majeure reste sans nul doute 

la bibliothèque municipale « palais rêvé des livres et des travailleurs » comme l’ambitionne le maire à son inauguration en 1935. Un bâtiment élancé aux lignes et aux corniches saillantes, et sa salle de lecture surmontée d’une coupole majestueuse. On y trouve comme en d’autres endroits des fresques et tableaux

montrant une volonté d’émancipation de la gent féminine symbolisée par des petites filles en apprentissage d’instruction, ce qui n’était guère en tendance à l’époque, le rôle dévolu au sexe dit faible d’alors étant celui des tâches essentiellement ménagères.

La piscine Nakache et le Stadium sont aussi des réalisations de cette période.

On peut admirer en de nombreux endroits de la ville les maisons et immeubles d’habitation style Art déco,

rues Saint Bernard, Rempart Villeneuve, Bd Lazare Carnot, Alsace Lorraine (La Dépêche du Midi),  mais aussi au ramier et au Boulingrin… et bien sûr la Poste centrale face au Donjon du Capitole.

Peut-être la plus étonnante de toutes ces constructions : le « Monumentum » de la rue Lafayette, seule résidence de la ville équipée d’une plateforme pivotant mécaniquement permettant aux véhicules qui se garent dans la cour intérieure d’effectuer un demi-tour sur place.

Ce bâtiment est appuyé sur les murs adjacents à droite et à gauche, ce qui a permis à l’architecte de consacrer toute la lumière nécessaire au mur de la cour intérieure. Deux prouesses mettant en évidence l’ingéniosité de la construction.

Le style Art Déco concerne l’architecture, plus spécialement l’architecture intérieure, avec ses tapisseries, vitraux, ferronnerie, peintures et sculptures ornementales et son mobilier, ébénisterie, céramique, orfèvrerie. On peut y associer l’activité de « design » qu’exigent alors les grandes séries d’équipement de l’habitat et des bureaux à cette époque.

Il se caractérise par son côté symétrique, les fenêtres en arc, son jeu avec les motifs géométriques, et la variété des matériaux comme le ciment dont la plasticité facilite grandement la réalisation des constructions sous contraintes, et beaucoup d’ornements comme la mosaïque.

Les formes caractéristiques de cette période sont inspirées de l’ambiance des années folles et l’apparition des moyens de transports intercontinentaux influeront énormément celles-ci, les nombreux bâtiments « paquebot » en témoignent comme celui de la rue du Rempart Villeneuve au marché Victor Hugo et celui de la rue Victor Hugo (Hôtel de l’ours blanc).

 

 

 

 

 

 

Merci à notre guide de nous avoir fait aimer ce style de l’entre-deux guerres ainsi qu’à Marie Odile qui a préparé cette belle sortie. 

Retour en haut