Eric Plamondon au cercle de lecture

Lundi 13 janvier 2010, 14 h, début d’une rencontre qui, une fois encore, nous va nous enchanter : la rencontre avec l’écrivain canadien – qui vit en France, Eric Plamondon,  venu  parler de ses deux derniers livres (que beaucoup d’entre nous ont lus) Taqawan et Oyana.

 

 

 

 

 

On se souvient que Taqawan se déroulait en 1981, lors de la « Guerre du saumon », affrontements qui ont opposé la tribu des « Indiens » Micmaqs du Québec à la police du gouvernement fédéral canadien. Alors qu’il finissait ses études, l’auteur a fréquenté des Français de Bordeaux – dont sa future femme. « Comment se fait-il que j’en sache moins qu’eux [sur l’histoire de son pays] ? » Parce qu’au Canada, on ne parle pas des « premières nations ». C’est alors  la prise de conscience : « la plus grande violence, c’est l’effacement des premières nations ». D’où ses recherches sur cette histoire qu’il décide de mettre en fiction pour qu’elle marque davantage les esprits.

De nos jours, les premières nations (on ne parle pas d’indiens au Canada), qui représentent 3 à 4% de la population, sont devenues « visibles » et ont vraiment la parole ; si la violence existe toujours (elle existait avant la venue des Européens), on en parle ; un site leur est même dédié sur Radio-Canada…

Oyana  est un roman « épistolaire » composé d’une seule longue lettre dont les cadres successifs sont le Canada et le Pays basque. Une histoire d’amour. Pourquoi écrire et non parler ? Parce qu’on peut revenir sur ce qu’on écrit, pas sur ses paroles.

L’auteur y insiste sur les liens entre le territoire et la langue ; « Le territoire est un langage. Si on ne le parle pas dès l’enfance, il manque toujours quelque chose. »

Même si Eric Plamondon a voulu écrire des livres très différents l’un de l’autre, à la sortie d’Oyana, les critiques ont pointé du doigt les ressemblances entre les deux romans et elles sont importantes. Parmi elles,  la violence qui émaille ces histoires (guerre du saumon, ETA). Mais encore la forme : de courts chapitres – l’auteur les appelle des « fragments » où alternent le récit fictionnel et le côté  didactique. « Mettre les discours ensemble »  permet de saisir le problème dans son entier,  « Le tout est plus grand que la somme des parties ». Et aussi le fait qu’Eric Plamondon n’essaie pas de convaincre : il pose des questions sans chercher à y répondre.

Une rencontre dans la bonne humeur – nous rions beaucoup – qui s’achève par la séance de dédicaces et la dégustation  de galette et couronne des rois accompagnées de cidre ou de jus de fruit.

                                        Lucienne

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