Balade avec Amélie au pays des wisigoths toulousains.

C'est par un frisquet lundi matin de fin Novembre que nous sommes partis à la rencontre des wisigoths toulousains, cette petite brise tenace et plus que fraîche nous a fait sentir que l'hiver commençait à pointer le bout de son nez.

Amélie nous a rejoints devant le "Basque", un des comptoirs festifs de la Place Saint Pierre, pour nous faire remonter très loin dans le temps, 1600 ans en arrière, lorsque Toulouse était la capitale du royaume des Wisigoths, un territoire gigantesque par sa superficie puisqu'il s'étendait du sud de la Loire au fin fond de l'Espagne.

 Entre la période Romaine et la période des Francs de Clovis, le temps des Wisigoths reste une période méconnue de l’histoire toulousaine.

 Ce peuple remarquable a occupé nos terres du Sud et notamment à Toulouse, dont il en a fait sa capitale, à partir du Ve siècle après Jésus-Christ, pour une des périodes fastes de la ville. L’activité économique s’y concentre, les produits de luxe, les tissus et les denrées issues de l’agriculture transitent par elle. Arrivent aussi à Toulouse tous les matériaux importés depuis l’Afrique du Nord, contrôlés par les Romains. (Vive la Garonne!) Toulouse était ainsi une Rome miniature : Wisigoths et Romains y vécurent en bonne intelligence, stabilité et sécurité y régnaient, pour le plus grand bien des toulousains de l'époque.

Puis ce fut l'arrivée des Francs après 508 : La ville se retrouve alors en marge d’un nouveau royaume, ce qui ne fait plus d’elle une place forte, mais juste un poste avancé. L’habitat est plus clairsemé et seule l’enceinte est bien entretenue. Toulouse perd des habitants et se ruralise. Les Francs sont moins "romanisés" que les Wisigoths. Toulouse ne disparaît pas, mais elle ne fait plus partie des routes commerciales majeures. Elle n’est plus une cité majeure au Haut Moyen-Âge et il faudra attendre les premiers Comtes de Toulouse au XIe siècle pour que la ville retrouve un dynamisme économique et urbain.

Mais revenons à nos wisigoths, dont Amélie nous  dit le plus grand bien, et on sentait même une certaine nostalgie dans ses paroles, elle râlait bien fort lorsqu'elle nous parlait des vestiges de cette époque : Les Wisigoths ont laissé des traces de leur passage à Toulouse, elles ont été malheureusement détruites par les bulldozers à l’occasion de la destruction de l’ancien Hôpital Larrey en 1989, hôpital qui se trouvait Place  Saint-Pierre, sur l’emplacement de ce que les historiens ont estimé être le Palais des Wisigoths. Et des vestiges massacrés, il y en a eu quelques-uns !  Au grand désespoir de notre guide préférée… 

Notre périple nous a donc menés de l'extérieur de la ville (nous avons démarré Place Saint Pierre) à sa partie "intra-muros", bien symbolique, puisque seuls quelques restes persistent quant aux murs d'enceinte édifiés par les romains, jusqu'à la Porte d'Or qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle Place du Capitole, ces vestiges qui ont été mis au jour n'ont guère eu le temps de souffler, les parkings étaient bien plus importants, hélas. Et Amélie de râler encore… Mais savez-vous qu'à cette Porte d'or fut construit le premier "giratoire" toulousain ? Les gens de ce temps-là n'avaient pas attendu l'époque moderne pour se rendre compte des avantages de cette trouvaille permettant de fluidifier le passage des chars.

De rue en rue nous nous avons donc déambulé et essayé d'apercevoir, ici, quelques moines chartreux, entre St Pierre des Cuisines, véritable mille-feuille architectural, car construit sur plusieurs époques,

et St Pierre des Chartreux fondé par Saint Bruno, jusqu'au cloître-vestige devenu un espace vert au sein de l'Université de Toulouse I. Nous n'en avons pas vu un seul, mais ils sont très discrets. Là des publicités d'époque nous rappelant que Toulouse est une ville où le commerce et l'artisanat ont toujours eu une place importante, en témoignent tous ces noms de rues rappelant cette époque. La Garonne est un gros atout pour la ville, Amélie nous l'a très bien expliqué.

Nous sommes toujours "intra-muros" et on change de coin :

Le collège Fermat nous accueille et nous laisse admirer ses cours 

et édifices qui le composent avec cette majestueuse tour  qui s'élance fièrement au-dessus du quartier Gambetta…

Vraiment, cette matinée a été une des plus riches en découvertes et en plaisir d'écouter toutes ces histoires que nous a dispensées Amélie, et nous avons vite pris rendez-vous pour d'autres promenades quand les jours seront meilleurs.

Merci Amélie, merci Geneviève, Vive le Temps d'un Café, et au plaisir de se retrouver pour une prochaine chronique.

 

N.B : Petite blague : Il y a eu les Wisigoths et les Ostrogoths, mais on peut aussi citer les Aligot(h)s dans l'Aveyron et les Escargot(h)s en Catalogne… Je vous le dis tout de Goth!!

Jean-Noël Jolicoeur

Retour en haut